lundi 11 juin 2012

L'Inde prospère, mais pas les indiens

Sous le titre "Essor de l'Inde: le coup de frein", le journal Le Monde, sous la plume de Frédéric Robin (Cahier Géo et Politique du lundi 11 juin), souligne que la plus grande démocratie du monde peine à consolider son développement. Après une décennie euphorique, l'Inde perd son souffle : ralentissement de la croissance, paralysie politique et inégalités toujours plus criantes attisent la querelle entre les partisans d'une plus grande ouverture économique et ceux qui prônent un modèle plus social.

(construction du métro de Bangalore en mars 2010)

L'Inde est aujourd'hui confrontée à de vertigineux défis sociaux. La faute à qui? Au parti du Congrès et à son premier ministre Manmohan Singh, répond le India today qui, selon lui, serait incapable de relancer la dynamique des réformes. Crise mondiale, turbulences de la zone euro, chute de la roupie, corruption de la classe politique, inflation galopante, sont autant de raisons qui expliquent ce ralentissement. L'Inde émergente, que beaucoup saluent en Occident comme une alternative à la Chine, doit faire face à la contradiction entre inclination sociale et tentation libérale. Sonia Gandhi, président du parti du Congrès et gardienne de l'héritage Nehru-Gandhi, est aussi sociale que M. Singh est libéral. Résultat: paralysie politique et valse-hésitation permanentes ont un effet stérilisant.

"On estime que 40% de la production des fruits et légumes pourrit dans des entrepôts faute de pouvoir atteindre les consommateurs. L'absence de chaîne du froid, les transports archaïques ou encore les taxes prélevées à l'entrée de chaque Etat sont autant d'obstacles qui poussent les prix à la hausse et érodent la compétitivité de l'économie nationale".

Le pavillon du développement est aujourd'hui en berne. L'un des indicateurs les plus infamants pour l'Inde est la proportion d'enfants (42%), âgés de moins de 5 ans mal nourris. Dans le classement de l'indice de développement humain, l'Inde se place en 134è position. Son rang n'a pas bougé depuis 20 ans. La croissance élevée a échoué à créer des emplois. Pourtant l'espoir réside sans doute dans les percées sociales chez les exclus ouvrant l'horizon économique...