samedi 5 mars 2016

Rencontre avec un Sadhu à Tiruvanamalaï


Ils sont quatre à cinq millions. On les croise un peu partout en Inde, dans les villes comme à la campagne. Avec leur bâton de pèlerin, vêtus d'un longhi ou d'une simple tunique couleur safran ou blanche selon qu'ils sont shivaïtes ou vishnouïtes, ils sillonnent les routes et ne possèdent rien. Ce sont des renonçants, des hommes (et parfois des femmes) qui ont quitté la vie sociale ordinaire pour se consacrer à la recherche de l'absolu qui doit les conduire, selon la tradition hindoue, à la moksha, la libération. Ils portent une longue chevelure, et sur le front, il arborent le trident symbolique, le tilak, qui représente l'anéantissement de l'égoïsme, du désir et de l'illusion. Ils pratiquent le yoga, la méditation, ils récitent des mantras, ils font voeu de silence, d'abstinence sexuelle et se livrent souvent à des mortifications. Ils enduisent aussi parfois leur corps de cendres recueillies sur les lieux de crémation, symbole de renaissance. La plupart ont choisi ce mode de vie par conviction. D'autres y ont été poussé pour des raisons diverses: fuir leur caste et la misère, échapper à l'infamie du veuvage (pour une femme). Mais ils sont respectés par la population qui leur donne de la nourriture (nourrir un sadhu, c'est s'attirer ses bénédictions) et qui les considère comme des "saints hommes".