mercredi 25 janvier 2017

A propos des "Devadasis"

Le terme "Devadasi" évoque un passé mystique plein de dévotion et de dévouement envers les divinités de la part de jeunes filles entonnant des chansons célestes et pratiquant des danses sensuelles pour le compte de rois et de mécènes. Les "dévadasis", très adulées à la fin du dix neuvième siècle et au début du vingtième siècle dans le sud de l'Inde ont permis la préservation et la transmission des arts et ont notamment servi de modèle au Bharatanatyam. Bangalore Nagarathnamma fut l'une des égéries de cette période et une étoile dans le firmament culturel de Madras dans les années 20 et 30 au siècle dernier. Une femme exceptionnelle, en avance sur son temps, une combattante pour les droits des devadasis et des femmes en général. Sa dévotion envers le compositeur Tyagaraja est légendaire.


Les "devadasis" (servantes de la divinité) furent avant tout considérées comme les gardiennes des arts. Elles avaient pour patronne, la déesse Yellamma, vénérée comme "la Mère de l'Univers". La consécration aux lieux sacrés est vieux comme le monde. Elle était présente en Grèce, dans la Rome antique, en Egypte et dans d'autres cultures anciennes. Il existait une hiérarchie parmi les femmes selon les tâches qui leur étaient confiées, de la vaisselle au ménage, de la confection des guirlandes de fleurs à la préparation de la pâte de santal jusqu'au plus haut niveau de sophistication que représentaient la musique et la danse devant les divinités. Considérées comme les épouses du dieu, elles étaient reconnues comme des personnes respectables au sein de la société indienne. Recrutées sans distinction de caste, elles formaient un groupe de professionnelles au service des temples (elles participaient deux fois par jour aux rituels dédiés à la divinité) et elles agrémentaient les cérémonies, les mariages ou les fêtes solennelles profanes. Etre mariée à la divinité signifiait s'affranchir du veuvage car quand elles mouraient, une période de deuil était instituée. Elles bénéficiaient d'un statut unique, transmis de mère à fille et envié par un grand nombre de femmes car elles pouvaient aspirer à une bonne éducation. Les temples d'une certaine importance pouvaient disposer des services de huit à douze "devadasis". Elles recevaient un salaire fixe pour les cérémonies religieuses mais comme le montant était très peu élevé, certaines finirent par vendre leurs charmes aux brahmanes pour gagner une peu d'argent. Très vite le terme de devadasis fut alors associé à celui de prostituée. L'addiction à l'alcool et au tabac ainsi que les maladies engendrées par des conditions d'hygiène insalubres finirent par condamner un système à bout de souffle qui s'éteint dans les années 60 avant d'être interdit officiellement par la loi dans les années 80. Aujourd'hui dans les campagnes, des femmes portent encore le sceau de cette période révolue et cette pratique résiste encore dans certains Etats malgré les interdits.