Tout commence un jour de juin 2004. Je me promène Place Bellecour à Lyon, à l'heure du déjeuner. Un grand pavillon installé sur la place accueille des associations humanitaires dans le cadre de la semaine de Solidarité internationale. Mû par un élan de curiosité, je fais le tour des allées et je m'attarde devant le stand tenu par "Un enfant par la main". Répondant à une attente qui germait au plus profond de moi, je décide de m'engager dans le parrainage d'un enfant en Inde.
Quelques semaines plus tard, je reçois le dossier d'une fillette. Elle se prénomme Vishalakshi. Elle a 8 ans et habite dans le petit village d'Ujire, au Sud du Karnataka, entre les Ghats qui longent la côte de Mangalore et la plaine de Bangalore. Pendant 3 ans, nous échangeons des lettres, traduites de l'anglais en kannada, le dialecte local, par les animateurs du Capucin Krishik Seva Kendra, l'association indienne qui nous sert de relais dans cette région du monde.
Et puis un jour je prends la décision, avec mon épouse et notre fils de 13 ans, d'aller voir cette enfant et sa famille. Nous sommes en Avril 2007. Comment vais-je aborder ce nouveau continent, si différent, si éloigné de notre culture occidentale? Comment vais-je me sentir là-bas? J'avais beaucoup lu sur l'Inde, trop sans doute, et mes peurs (injustifiées!) étaient à la mesure de ce que j'avais lu. Et le miracle se produit. A peine ai-je posé les pieds sur cette terre que je me sens libéré comme par magie du poids de mes fantasmes. Je suis heureux, je vis l'instant présent. Nous visitons Mysore, nous traversons les Ghats, nous séjournons dans la montagne à Ooty, dans le Tamil Nadu, avant de rejoindre Calicut sur la côte Ouest du Kerala et de remonter en direction de Mangalore, où nous avons rendez-vous avec le responsable du Projet.
Nous faisons la connaisance d'Arun et des membres de l'équipe qui travaillent depuis déjà 7 ans sur ce territoire constitué de 16 villages. Pendant 3 jours, ils nous accompagnent dans les familles, les écoles, les dispensaires. Nous sommes profondément touchés par l'élan de générosité qui émane des membres de cette équipe qui travaillent ensemble indépendamment de leur religion (musulmans, hindous et chrétiens). C'est à Ugire aussi que je m'entretiens au téléphone avec Alwyn Dias, l'initiateur du Projet. Il poursuit des études de théologie à Paris. Il appelle pour me remercier d'être venu à Ugire.
Plusieurs mois plus tard, lors d'un déplacement à Paris, nous décidons de le rencontrer au sein de la communauté des Capucins à laquelle il appartient. Au terme d'une rencontre chaleureuse, celui-ci nous propose de soutenir les projets conduits en Inde par l'association Vimukti qu'il a créé. "Une toute petite chose", dit-il avec simplicité. "Vous avez vu et vous pouvez témoigner de ce que vous avez vu", poursuit-il. Nous le quittons un peu ébranlé par cette proposition inattendue. Quelques mois s'écoulent encore avant que nous nous lancions dans l'aventure. Nous décidons de créer l'association "ensemble, agissons" le 1er mai 2009. Lors de notre dernier séjourne Inde, en Janvier 2013, nous avons offert à Vishalakshi un album photos qui témoigne de cette belle rencontre. Vishalakshi a aujourd'hui 17 ans et elle souhaite devenir aide-soignante.
