mardi 25 février 2014

Les tribulations d'un scooter en Inde

Après deux semaines passées à Pothnal, Lily, Bernadette et Véronique sont reparties à bord d'un "sleeper bus" en direction de Bangalore. C'est aujourd'hui dimanche. Alors que je me promène seul dans les rues du village (les animateurs bénéficient d'un jour de congé), je mesure le poids de ma décision. "Vivre ici pendant 5 semaines, sans repères, loin des miens et tout ce qui fait mon quotidien en France. Ne suis-je pas un peu fou ?" J'ai un peu le "blues".

Le lendemain, à l'invitation de Mallama qui veut me faire essayer son scooter, je m'aventure à la tombée de la nuit sur un chemin plein de trous et de bosses qui rendent le pilotage incertain. Assailli par des nuées de moustiques attirés par le faisceau du phare, j'ai tôt fait de rebrousser chemin. Je reprends la route au petit matin avec Mallama et Ambuh, son fils de 6 ans, en direction du village d'Utakanoor.  A l'entrée du village, un ami hindou nous rejoint. Il m'invite à monter sur sa moto… nous allons au temple pendant que Mallama et Ambuh rejoignent la maison familiale... car dans ce petit village où les traditions sont profondément enracinées dans la vie sociale, être vu en compagnie d'une jeune femme hindoue abandonnée par son mari, pourrait faire l'objet de malentendus. Une demi-heure plus tard, nous nous retrouvons au même endroit et je reprends les manettes du scooter direction Pothnal, Mallama et Ambuh assis derrière moi. "Differents cultures, in France no problem, in India problem, very difficult", tente de m'expliquer Mallama dans un anglais très approximatif. "Yes, yes... I understand…" et je relance la machine sur les rares parties du chemin recouvertes de bitume. Ici on roule à gauche et sans casque! L'usage permanent du klaxon fait office de code de la route.


Au cours de l'après-midi, Yasheela et Charly m'invitent à prendre les commandes de la moto. Une Honda Hero qui pèse plus de 100kg et qui vous propulse en avant dès que vous lâchez un peu les gaz. Initiation réussie. Yasheela me conduit dans la cour de l'école où je peux sans risque appréhender les difficultés d'un terrain encore vierge. Je m'enhardi si bien qu'acheter une moto (qui coûte ici moins cher qu'un scooter) me vient à l'esprit. Finalement, après avoir échangé avec les uns et les autres à propos de cet achat, j'opte pour le scooter, plus léger, plus maniable, plus facile aussi à conduire (no gears). Et surtout Mamatha, Jesintha, Mallama et Amaresh pourront l'utiliser après mon départ. La transaction va prendre une journée. "Cinq minutes en France = une heure en Inde", me plais-je à dire parfois. "Vous avez de la chance, me dit le responsable du magasin, c'est un nouveau modèle encore jamais vu à Pothnal. Une nouvelle ligne, une puissance qui affiche 110 cm3, il possède une double système de freinage et il sera disponible dès demain". Il arrivera, en fait, avec un jour de retard. Mais quand on aime…
Tout le monde me congratule pour cet achat effectué sur fonds personnel. Mamatha, Gauramma, Yasheela, Charly, Amaresh, Arogyapa, montent tour à tour derrière moi en guise de baptême. "Very good driver", s'amusent-ils à dire. En fin d'après-midi, Satish dirige les "Blessings" selon les rites croisés chrétiens et hindous, sous le regard amusé des enfants. Je peux alors m'aventurer sur les routes de l'Inde protégé par le bon St Colomban et par le prévenant Ganesh qui écarte tous les obstacles. Incredible India!