lundi 18 août 2014

L'Inde de demain


Pour comprendre la métamorphose de son pays d'enfance, Akash Kapur est parti à la rencontre d'indiens de tous âges, de toutes classes sociales, dans les villes et les campagnes. Il a tiré de son voyage une mosaïque d'existences bouleversées par le développement économique et une description fascinante des grandes forces qui façonnent aujourd'hui notre monde.
Que sera l'Inde de demain?

 Extraits:
"Les Dalits sont restés cantonnés au bas de l'échelle sociale. Ils sont condamnés aux travaux subalternes et considérés comme malsains, tels que le nettoyage des latrines, l'équarrissage, la collecte des ordures et le tannage du cuir. 
Les iniquités subies par les Dalits et les justifications religieuses apportées à celles-ci, ne sont en fait qu'un moyen, pour les castes supérieures, de maintenir leur domination…  

L'Inde a beau changer, et le gouvernement a beau produire des efforts réels, depuis l'indépendance, pour abolir le système des castes et en faire disparaître les stigmates, les pratiques  discriminatoires restent endémiques.

Banglore est surnommée "la Silicon Valley de l'Inde". Entre le début des années 1990 et la fin des années 2000, la population a doublé, passant de 4 à 8 millions d'habitants. Plus du tiers d'entre eux sont des migrants de la première génération... Ces nouveaux habitants arrivent des quatre coins de l'Inde mais aussi du monde entier… Bangalore est la vitrine de la nouvelle économie indienne, mais ses faiblesses peuvent faire douter, d'une certaine façon, de la fiabilité de cette économie… Je vis dans un pays où les filles sont des boulets; où les pères ruinés se donnent la mort à l'ombre des complexes high-tech flambant neufs; où, en dépit de tous les discours sur l'amélioration du sort des Dalits, les barrières entre les castes restent indéboulonnables…. 

Je ne peux que m'interroger: l'Inde des millionnaires collectionneurs a-t-elle le moindre rapport avec l'Inde dans laquelle la moitié des enfants des zones rurales sont sous-alimentés? L'Inde qui aspire à abriter certains des plus grands centres financiers de la planète est-elle l'Inde où les gens possèdent plus souvent un téléphone portable qu'ils n'ont accès à des sanitaires décents? les banquiers que je vois à Mumbaï, si confiants, si suaves, habitent-ils dans le même pays que les trois cent millions et quelque d'individus qui, après deux décennies de réformes économiques, survivent encore avec moins d'un dollar par jour?... L'Inde me donne souvent l'impression d'être deux nations à la fois…. Comment gérer, comment gouverner un milliard de personnes?…"