lundi 16 mai 2016

Mariage arrangé

Le mariage en Inde est la préoccupation majeure de toute la famille et c'est au père que revient la responsabilité de marier ses enfants. Aujourd'hui l'âge moyen du mariage pour les filles est de 19 ans alors qu'il est de 26 ans pour les garçons mais il n'est pas rare encore que des fillettes soient promises dès l'âge de 8 ans et le mariage effectué entre 10 et 15 ans. Car ici il ne peut être question de rester célibataire.


Le choix du conjoint est le résultat d'un accord passé entre deux familles d'une même caste dont les revenus sont comparables. Les mariages sont donc arrangés par la famille avec l'aide parfois d'un oncle ou d'une tante. Ici l'amour romantique n'a pas droit de cité, ce qui ne veut pas dire qu'il soit totalement absent, mais l'on considère que l'amour se développera tout au long de la vie de couple et qu'il se renforcera avec les années. Dans les campagnes, on se marie généralement avec  un garçon ou une fille du village voisin. Les Indiens résidant à l'étranger reviennent généralement au pays pour se trouver un conjoint selon les règles traditionnelles voulues par la famille.


La célébration des noces est pour la famille l'occasion de rassembler sa caste et d'affirmer sa valeur. C'est l'alliance de deux familles qui s'arrogent le droit d'unir les conjoints qu'ils ont choisis en fonction de la caste et des intérêts les mieux partagés. Car la dot est au coeur de tous les arrangements et tient lieu de pratique universelle à l'exception de quelques familles occidentalisées chrétiennes. Plus le mari  a un niveau social et professionnel élevé, plus le montant de la dot sera élevé. La dot ne se paie pas en argent mais sous forme de cadeaux de toutes natures (voitures, motos, réfrigérateurs, etc). Il n'est pas rare qu'il y ait une escalade de la dot après la cérémonie avec des conséquences terribles pouvant aller jusqu'au meurtre de la jeune mariée. Mais le plus souvent, la jeune épouse est répudiée sans et le jeune homme refait sa vie avec une autre femme (cf. le témoignage de Mallamma dans le film "Welcome in Pothnal")

Après son mariage, la jeune épouse quitte la maison familiale pour s'établir dans celle de son mari. A partir de ce jour, elle doit se soumettre au diktat de sa belle-mère qui a tous les droits et qui souvent en abuse tant que la jeune épouse n'a pas donné naissance à un garçon (la stérilité est considérée comme une malédiction). La jeune femme est totalement au service de sa belle-famille. Seule la naissance d'un enfant lui permettra de souffler un peu car dans la période qui précède et suit l'accouchement, (plus ou moins 6 mois) elle pourra retourner vivre dans sa famille. C'est ce qui est arrivé à Deeksha, cette jeune femme indienne dont j'avais tracé le portrait il y a quelques années déjà, (cf post du 29 juillet 2011) et que j'ai rencontrée à nouveau en janvier dernier dans sa maison familiale.


Je vous recommande sur ce thème le très beau roman de Anne Cherian "Une bonne épouse Indienne"(Editions Folio) ainsi que le recueil de nouvelles de Chitra Banerjee Divakaruni qui a pour titre "Mariage"arrangé" (Editions Piqué Poche).