mercredi 17 août 2016

Déesses indiennes en colère (2016)



Après "La saison des femmes" (voir post du 1er juin 2016), voici un autre film indien (actuellement dans les bonnes salles) qui donne à voir la réalité de l'Inde moderne confrontée à ses tabous, à ses préjugés et à ses contradictions.

Le film commence comme une comédie à l'occidentale. Elles s'appellent Pamela, Madhureta, Joanna, Laxmi, Suranjana, Frieda, et Nargis. 7 jeunes femmes, belles, actives. Elles ont reçu une éducation moderne qui leur permet de jouir d'une très grande liberté et de revendiquer une certaine indépendance. L'une d'elles (Frieda) décide réunir toutes ses amies à Goa dans sa grande demeure afin de leur annoncer son mariage prochain.

Au fil des rencontres et des confidences frivoles qui donnent le ton de la première partie du film, on s'intéresse à la situation particulière de chacune de ces femmes qui se débattent dans la vie quotidienne pour obtenir respect et reconnaissance. L'une essaie de percer dans la chanson, l'autre est tentée par le mannequinat, la troisième est une business woman qui est accaparée par les affaires au point de négliger sa propre fille... Quand Frieda leur annonce, non sans détours, qu'elle va se marier avec une autre femme présente dans cette assemblée, elles n'en croient pas leurs oreilles. Tour à tour, les langues se délient. Les jeunes femmes, en apparence frivoles, se racontent, dévoilent leurs envies, leurs doutes, leur vie professionnelle et amoureuse.

A la faveur d'un fait divers sordide inspiré des nombreuses affaires de viol qui ont défrayé la chronique en Inde, le film bascule alors dans le drame et ne vous lâche plus. Le groupe d'amies s'insurge, se révolte et se métamorphose (à l'instar de la déesse Kali, l'épouse de Shiva, déesse de la préservation, de la transformation et de la destruction)... jusqu'à l'inéluctable qui les transforme en héroïnes. 

Ce film courageux et émouvant, réalisé par Pan Nalin (réalisateur de "Samsara") est un vibrant hommage rendu aux femmes de ce pays où la corruption, le système des castes, le machisme omnipotent ont force de loi.  Il n'est donc pas surprenant de savoir que lors de sa sortie en Inde, plusieurs scènes ont été coupées par une censure aux abois.