lundi 20 février 2017

Deux jours avec Vishlakshi et Mamatha

Tout est imprévisible mais la vie se charge de vous offrir parfois le meilleur. J'ai eu l'opportunité et la chance de passer deux jours avec celles que je considère, pour des raisons différentes, un peu comme mes filles ici en Inde. Notre complicité a fait le reste.


Vishalakshi est ma première filleule. Je l'ai parrainé de 2004 à 2015. Elle habitait Ujire, un petit village du Sud du Karnataka, situé entre les Ghats de Mangalore et la plaine de Bangalore. Elle n'avait encore que 11 ans lorsque nous sommes venus la voir la première fois en 2007. Les années ont passé et la petite fille timorée a grandi. Elle a bénéficié pendant toutes ces années du soutien de Vimukti Ujire, et plus particulièrement de l'accompagnement de Hilda, une animatrice qui l'a convaincu de poursuivre des études dans la cité voisine de Mangalore. Elle a tout mis en oeuvre auprès de sa famille pour que ce rêve devienne réalité. Les parrainages prenant fin à l'âge de 18 ans, nous avons décidé, avec Bernadette mon épouse, de poursuivre notre engagement à ses cotés, en complément de l'emprunt contracté en son nom par ses parents et qu'elle devra rembourser à la fin de ses études. L'obstination et le travail dont Vishalakshi a fait montre durant les 3 années passées à Mangalore dans une école d'infirmière ont été récompensés. Elle a appris l'anglais et, à tout juste 21 ans, elle vient de réussir les épreuves théoriques qui lui ouvrent le sésame pour l'obtention du diplôme d'Etat. Selon toute probabilité, elle l'obtiendra en avril ou mai prochain, lorsqu'elle aura effectué quelques visites dans les hôpitaux de Bangalore et remis son rapport de stage.... Merci Visha de nous offrir ce si beau cadeau.


Mamatha a un tout autre profil. Depuis la fin de l'année 2011, elle occupe avec compétence, jovialité et savoir-faire, la fonction délicate d'assistante auprès de Satish, le directeur de Vimukti Pothnal. Elle a beaucoup de cordes à son arc, passant sans complexe de la comptabilité à la cuisine, de l'assistance technique aux déplacements dans les villages. Elle a aujourd'hui 24 ans, l'âge requis en Inde pour faire une bonne épouse. Avec courage et ténacité, elle retarde toujours plus l'échéance imposée par ses parents qui contracteront pour elle ce qu'on appelle ici un mariage arrangé. Car malgré son caractère combatif et des parents plus compréhensifs que la moyenne, elle devra quand même se soumettre à l'accord décidé par les deux familles en charge d'envisager son avenir. Elle a, à ce jour, refusé catégoriquement les quatre propositions qui lui ont été faites, mais d'ici 2 ans au plus tard, elle n'aura plus aucun recours. Sa vie dépendra totalement du bon vouloir de son mari. Elle rêve encore que celui-ci lui accordera la possibilité de continuer de travailler dans la secteur social mais confinée à des tâches de comptabilité et d'administration. Fini la rigolade et les sorties avec les amis. L'Inde est encore très cruelle avec celles dont le premier rôle consiste à donner la vie, de préférence un garçon, qui sera garant des traditions familiales et de l'appartenance à une caste.


De culture hindoue l'une et l'autre, malgré une chance certaine, elles ne pourront se soustraire à ce rituel que d'aucun jugeront sans doute d'un autre âge. Difficile de comprendre cela vu de notre douce France.