samedi 20 janvier 2018

Santa, le conciliateur

Décembre 2008. Santa Lopes était étudiant à la Faculté Catholique de Lyon et il avait entamé un Master en philosophie. Nous étions réunis ce soir-là pour évoquer, avec notre ami Alwyn Dias, la création de l'association et le partenariat que nous allions mettre en oeuvre avec Vimukti dans la région de Pothnal au nord du Karnataka. Au cours de cette première rencontre, il n'était pas très bavard mais déjà très attentif aux propos que nous échangions avec Alwyn. 

Lorsque nous sommes allés en Inde au printemps 2010 pour découvrir le Projet de Pothnal, il était encore en France. Il s'est intéressé au projet et il a assisté à l'Assemblée Générale qui a eu lieu cette année là à Chiroubles. En juin de la même année, il obtenait son Master en philosophie en présentant un dossier sur la non-violence, dans la lignée d'Emmanuel Mounier. Celles et ceux qui l'ont rencontré peuvent témoigner de la grande simplicité, de l'exigence intellectuelle et de la profondeur d'un homme chaleureux qui a accompagné l'association au cours de sa première année d'existence.

"Mon séjour en France a été une grâce et en même temps une grande découverte de la générosité des amis... On existe à partir d'autrui, on existe à partir du don d'autrui. c'est la beauté de la vie, c'est la vie que j'ai découverte en France et je n'oublierai jamais cette expérience précieuse, je la porterai toujours dans mon coeur... J'apprécie la générosité de chacun des amis que j'ai rencontrés et qui m'a donné son temps, son écoute et ses appréciations. Je saisis cette occasion pour vous remercier tous très vivement."



A son retour en Inde en 2011, il est nommé Directeur de l'Institut de Théologie de Mysore et il y enseigne la philosophie. Discret et mesuré, il sait écouter et entendre, car il a bien assimilé les différences culturelles entre l'Orient et l'occident. Voici ce que disait de lui notre amie Lily Jattiot:

Parlant français, anglais, hindi, il fera sans cesse le pont entre les orientaux hindous et les occidentaux que nous sommes, nous évitant bévues et maladresses toujours possibles, malgré (ou à cause de) notre bonne volonté, et tempérant aussi les ardeurs de nos hôtes indiens, pour nous permettre de souffler parfois... Tâche délicate qui lui a demandé une vigilance permanente.
Il a su nous stopper dans certains désirs d'intervention intempestives, de propositions d'aide ou de changements inappropriés... nous arrivons avec nos modèles de vie qui, plaqués en Inde, seront inévitablement voués à l'échec, des greffes maladroites qui seront rejetées...
Il a su aussi nous faire voir et sentir ce qui serait utile et adapté, mais qui ne nous serait pas forcément venu à l'esprit: rendre des visites de courtoisie, écouter des discours et en prononcer nous-mêmes, suivre un protocole qui nous échappe, afin de respecter des rituels collectifs locaux si importants pour la cohésion de la communauté, etc.
Il a traduit nos demandes, anticipé nos désirs, tout en nous laissant beaucoup de liberté d'être nous-même. Nous avons ressenti beaucoup de respect mutuel et d'affection.

Janvier 2018. Après 6 années de bons et loyaux services auprès des frères et soeurs de sa communauté, le voilà revenu pour un temps en Europe. Inscrit à l'Université de Louvain en Belgique, il y prépare un doctorat en philosophie.