samedi 15 septembre 2012

Les castes ont la vie dure

C'était le titre d'un reportage présenté en début de semaine dans le journal de 20h sur France 2. Car si les castes sont déclarées inconstitutionnelles depuis l'Indépendance de l'Inde en 1949 et condamnées depuis par les législations indiennes, elles n'en demeurent pas moins omniprésentes dans le quotidien de indiens. En son temps l'attitude, jugée paternaliste, de Gandhi ne changea rien à la situation. Malgré tous les efforts de la classe politique pour enrayer durablement cette ségrégation, les mentalités ne changent guère et les classes les plus élevées tirent généralement profit de cette situation.

Le système des castes est considéré souvent comme l'expression de la conception d'un monde introduite par l'hindouisme. Le karma de chaque hindou, c'est-à-dire la somme des actions passées qui conditionne la réincarnation de l'âme, résulterait de la caste à laquelle il appartient. Cette séparation entre les membres des 4 principales castes définit la hiérarchie sociale indienne. En haut de l'échelle il y a les brahmanes (les prêtres), suivis par les les gouvernants et les guerriers, puis les commerçants et les artisans. Tout en bas de l'échelle, les Dalits, (160 millions d'Intouchables) sont encore l'objet de persécutions et de mauvais traitements. Ils n'ont aucun droit et ne peuvent prétendre à aucune considération. A l'intérieur existent encore d'autres subdivisions très étanches (les jâti) et malgré l'introduction par le Parlement de quota de dalits dans l'administration et des bourses d'études aux enfants, les autorités ne parviennent pas à endiguer cette discrimination. Ceux qui appartiennent aux plus hautes castes se livrent à des activités "pures", tandis que les castes les plus basses ont des occupations qui les rendent encore plus "impurs" (nettoyage des latrines, manipulation des cadavres incinérés, des animaux morts, etc.) Par définition, ils sont exclus de la société et asservis par les castes supérieures. Malgré leur situation misérable, la plupart des Intouchables ne se révoltent pas contre le système des castes puisque celui-ci résulte de l'ordre naturel des choses.


Pour mettre fin à des traditions aussi inégalitaires qu'ancestrales, il est nécessaire de réaliser un long travail d'éducation auprès de familles et des générations les plus jeunes. L'action volontariste des associations humanitaires (appartenant en majorité aux courants chrétiens et bouddhistes) tente de corriger ces inégalités sociales encore plus prégnantes dans les villages ruraux. Léducation moderne, le mariage (quand il n'est pas arrangé), la mobilité, l'émergence d'une population plus aisée et l'allongement de la vie sont autant de facteurs qui permettent à certains de sortir de cette organisation sociale rigide. Petit à petit les mentalités évoluent et les choses commencent vraiment à bouger. "Ensemble, agissons" et "Vimukti"participent aussi à cette émancipation.