mardi 18 octobre 2011

L'héritage de Gandhi


Surnommé Mahatma (grande âme) par son ami le poète Rabîndranâth Tagore, le "fakir à demi nu", comme l'appelait aussi Churchill, Gandhi était avant tout un homme pétri des textes sacrés de l'Inde, de la Bhagavad Gitâ aux Upanishads. Son éducation Britannique, les difficultés qu'il rencontra pour faire valoir son "indianité" en Afrique du Sud, l'humiliation qu'il subit au quotidien, comme beaucoup de ses congénères, le poussèrent à se révolter et à engager un long combat de "désobéissance civile". Par des actions de jeûne, par des marches silencieuses à travers tout le pays, par la non-coopération et la non-violence active (ahimsa), il réveilla la conscience de tout un peuple. En chassant l'occupant anglais, en participant activement à l'Indépendance proclamée en 1947, il redonna à l'Inde son identité. 

Sa force: vivre de manière sobre, agir en conformité avec ses convictions, maintenir l'adéquation entre la pensée et l'action. Bien que son projet de pacification n'ait pas complètement abouti (il considérait comme un échec la partition entre hindous et musulmans même si la création du Pakistan permit d'éviter une guerre civile), il est considéré comme l'un des pères fondateurs de l'Inde moderne. L'aide aux plus démunis, la libération des femmes indiennes, la fraternité entre les communautés religieuses, la fin de la discrimination des castes et de l'Intouchabilité, l'autosuffisance économique de la nation furent au coeur de son combat. Il continue d'être un inspirateur pour tous ceux qui, à travers le monde, militent pour un monde plus juste, plus égalitaire, plus fraternel, plus humain.

Martin Luther King, Don Helder Camara, Nestor Mandela, le Dalaï Lama, pour ne citer que quelques figures connues, s'inspireront de la doctrine de la non-violence pour mener à bien leur combat contre l'apartheid et toutes formes de discrimination. Plus récemment, la marche vers Delhi des 25 000 paysans sans terre, l'esprit altermondialiste qui vise à restreindre la consommation et à mettre l'écologie de la terre au centre de la révolution pacifique sont des prolongements au combat d'un homme qui a consacré sa vie pour la liberté.

On pourra revoir avec intérêt le film aux 9 Oscars que lui a consacré Richard Attenborough (1982) (qui reparaît avec le mensuel Géo du mois d'Octobre consacré aux sagesses indiennes) et, bien sûr, relire "Tous les hommes sont frères" ou "La voie de la non-violence", parus dans la collection Folio Gallimard.

"Je ne demande à personne de me suivre. chacun devrait rester à l'écoute de sa petite voix intérieure et agir en conséquence; et si l'on n'a pas d'oreilles pour écouter, il ne reste plus qu'à faire de son mieux..."(Tous les hommes sont frères)