Réalisé en 2005 par Yan Kounen, ce film humaniste témoigne d'un destin exceptionnel, celui d'une fillette du Kerala qui voulait aider les plus pauvres, et qui, 50 ans plus tard est considérée comme une Sainte, une "mère divine", mondialement reconnue, à la tête d'une immense organisation caritative. Tout au long de ce reportage qui fascine parce qu'il approche l'indicible, nous suivons pas à pas cette figure emblématique à travers un périple qui va de son ashram du Kerala à Calcutta en passant par Bénarès. Cette odyssée délicate et profonde, filmée avec beaucoup de sincérité, nous plonge dans l'âme de l'Inde.
Dans la tradition hindoue, le "darshan" désigne la cérémonie au cours de laquelle le dévot croise le regard de sa divinité. Celle que l'on appelle plus communément Amma parcoure le monde en donnant sa bénédiction sous la forme d'une étreinte de quelques secondes en transmettant un message universel de paix et d'amour, en suivant la voie de la Bakhti, de la dévotion.
A l'heure où Amma Amritanandamayi poursuit son tour de France accueillant dans ses bras plus de 5 000 personnes par jour (la semaine dernière à Pontoise, cette semaine à Toulon) suscitant enthousiasmes, commentaires et controverses, il est intéressant de s'interroger sur les questions que posent ce documentaire et auxquelles il ne répond que partiellement. Pourquoi fait-elle le darshan? Qu'éprouvent celles et ceux qui vont par milliers à sa rencontre. Que viennent-ils chercher? Comment fait-elle pour rester disponible des heures durant sans manger ni dormir? Comment fonctionne l'économie qu'elle génère autour d'elle? De la dévotion sectaire aux questionnements salutaires, chacun peut être interpeller par cette femme hors du commun qui a reçu de nombreuses distinctions, dont le Prix de la non-Violence remis par les Nations Unies en 2002, et qui déclare:
"Pour trouver la paix soi-même, nous devons être prêt à nous battre. Non pas à nous battre avec des armes, mais avec de l'amour, de la dévotion et du sacrifice. Sans avoir à verser une goutte de sang. Regardez notre société. Nous dépensons beaucoup d'argent pour explorer les abîmes des océans ou l'immensité de l'espace. Mais notre monde intérieur reste fermé. Tout le monde adore les télévisions avec de larges écrans. Mais plus les écrans sont larges, plus les coeurs se rétractent. A nous de faire que nos vies soient belles ou laides. Nous voulons tout apprendre du monde extérieur, mais jamais de notre monde intérieur. Le sérénité ne peut venir de l'extérieur. La vie est courte, nous devons la célébrer. Vous tenez cet instant entre vos mains."
