mercredi 6 mars 2013

Aux sources du Kathakali

Par où commencer?
Par le visage. Oui c'est çà, commençons par le visage qui détermine les voies du coeur. C'est avec le visage que l'on transforme les pensées en un langage sans paroles. Cà vous étonne? Vous vous demandez comment un langage peut se passer de mots? Ne dites pas le contraire. Je lis la perplexité dans votre regard...
Regardez-moi. Regardez mon visage. un visage nu, dépourvu de couleur et de maquillage, de paillettes et de parure. De quoi est-il composé? le front, les sourcils, les narines, la bouche, le menton et les trente deux muscles faciaux. Tels sont les instruments avec lesquels nous allons façonner ce langage sans paroles. Les navaranas: amour, mépris, chagrin, fureur, courage, peur, dégoût, émerveillement, paix.
Dans la danse, tout comme dans la vie, on n'a pas besoin de plus de neuf voies d'expression. Appelons-les les neuf visages du coeur. Prologue (extraits)

Quand un jeune écrivain anglais débarque dans le Sud du Kerala pour rencontrer Koman, un célèbre danseur de Kathakali, il pénètre dans un monde de masques et de sentiments réprimés. Koman et sa nièce Radha sont vite séduits par le charme de l'écrivain voyageur avec son violoncelle et ses incessantes questions sur le passé. Un triangle qui exclut rapidement Shyam, le mari de Radha, qui n'a su gagner ni l'amour ni l'estime de sa femme. L'arrivée de Chris va révéler la vérité des êtres sous les masques et entraîner les personnages dans un maelström d'émotions. Ces émotions qui sont au fondement du Kathakali, art ancestral qui se situe entre la danse et le théâtre, et qu'on appelle les "neuf visages du coeur".

Merveilleuse conteuse, déjà connue pour ses deux romans Compartiment pour dames et Un homme meilleur, Anita Nair réside à Bangalore. Son roman est de ceux qui vous tiennent en haleine jusqu'à dernière page. Neuf visages pour neuf chapitres dans lesquels chacun des personnages livre tour à tour ses sentiments sur les situations de sa vie présente et passée. Cette polyphonie s'accompagne d'une réflexion sur l'apprentissage difficile d'un art exigeant qui se vit dans la passion, le Kathakali. Un très bon roman qui se déguste comme un très bon vin, par petites gorgées. Neuf au demeurant.