mardi 20 mai 2014

Welcome in Pothnal

Don't look up Pothnal on map! Ce gros village de 1 600 habitants située sur l'axe routier qui conduit de Sindhanur à Raichur, au nord de l'Etat du Karnataka, (350 kms au nord de Bangalore) ne figure sur aucune carte. Et pour cause...

Ici, pas de touristes, pas d'hôtels ni de restaurants, pas de routes goudronnées, hormis la route principale, mais des rues et des chemins souvent étroits où camions et rickshaws soulèvent des nuages de poussière. Ici la vie bat au rythme de la culture du riz et du coton, de l'artisanat local et des arrêts d'autocar. Ici les tracteurs roulent à vive allure au son d'une musique tonitruante, les motos et les vélos se faufilent au milieu des vaches imperturbables, les enfants jouent à se faire photographier, les femmes reviennent du marché en portant de grands sacs de céréales sur la tête. Les vieillards vous regardent avec insistance. Les hommes oisifs, mâchant le bétel, semblent vous attendre depuis toujours, assis sous un arbre. Les enfants sortent de partout, quelquefois entièrement nus et le ventre gonflé, mais leur sourire est un véritable hymne à la vie. Ici on respire un parfum d'insouciante et on vit l'instant présent.


C'est dans ce petit village que nous avons choisi d'accompagner un programme d'éducation et de santé piloté sur le terrain par l'association Vimukti (libération), la branche sociale des Pères Capucins du Karnataka qui nous reçoit dans sa communauté. Le directeur excepté, les 8 éducateurs et éducatrices (4 hommes et 4 femmes) qui constituent l'équipe sont issus des 16 villages alentours. Chrétiens et hindous, ils témoignent tous d'un véritable engagement auprès des populations dont ils partagent le quotidien. Chaque année nous leur rendons visite sur fonds personnels. L'occasion de faire un état des lieux et de constater l'avancement du projet mais aussi de vivre au rythme de ce village si attachant. Partout nous sommes accueillis avec de larges sourires. Nous aimons ainsi flâner d'échoppe en échoppe, échangeant quelques mots en anglais ou en kannada avec les artisans ou les badauds étonnés de voir surgir des hommes et des femmes à la peau blanche qui s'intéressent à leur sort. "America, America" s'écrient parfois les enfants qui viennent à notre rencontre en courant. "No, no, French, we are from France" s'évertue-t-on, parfois en vain, de répéter. Qu'à cela ne tienne, ils nous accompagnent un bout de chemin avant de disparaître dans le flot continue des passants de retour du marché ou du temple voisin.


Ici, comme partout en Inde, la population, en majorité hindoue, participe régulièrement aux rituels et fêtes nombreuses en l'honneur des déités qu'elle vénère. Mais quand les haut-parleurs, à intervalles réguliers, font retentir l'appel du muezzin, les hommes portant la chechia se rendent à la mosquée située au coeur du quartier où s'est établie la majeure partie de la communauté musulmane. La cloche de l'église chrétienne retentit le dimanche matin pour appeler les fidèles (peu nombreux il est vrai), à la messe. Ici, les différentes communautés vivent en bon entendement et dans les respect les unes des autres. Pourvu que cela dure car les récentes élections ont amené au pouvoir un militant hindou connu pour son passé radical, un nationaliste partisan de la droite dure. A l'aube d'une ère nouvelle, dans ce pays où la tolérance montre aussi parfois ses limites, espérons que la jeunesse (65% de la population a moins de 35 ans) saura capter l'attention et l'intérêt de ses dirigeants.