mercredi 15 juillet 2015

Rituel funéraire à Pothnal


Charly, l'animateur de Vimukti, m'informe qu'une femme du village va être enterrée dans l'après-midi. Il s'avère que la défunte est relativement jeune (50 ans environ) et qu'elle est la femme d'un dignitaire du village.


Une fois la mort constatée, on manipule le cadavre afin de le maintenir en position logique, c'est-à-dire assis le jambes croisées, le turban de tête maintenu sous le menton par une sorte de trépied en bois, le cou entouré de guirlandes de fleurs jaunes et oranges. Le front, les mains et les pieds sont marqués des signes shivaïtes. puis on le dépose sur la véranda, face à l'ouest ou au nord, afin que les habitants du village lui rendent une dernière visite. Des charpentiers Intouchables ont fabriqué une sorte de chaise litière en bambou, avec un dossier en bois, que l'on noue à un cadre rectangulaire. Ce palanquin est recouvert de feuilles de cocotier, de canne à sucre, de noix de coco vertes, de noix d'arec, puis décoré de papiers et de tissus richement colorés. Le siège, paré de guirlandes, sur lequel le cadavre est installé en position yogique, est surmonté d'un parapluie en signe d'hommage et de respect.

Seules les femmes sont autorisées à manifester leur chagrin. Quatre membres d'une très basse caste prennent le palanquin sur leurs épaules pour l'emmener en procession jusqu'à l'aire funéraire. Le cortège s'ébranle en chantant précédé d'un petit orchestre de musiciens, tambourinaires et joueurs de trompettes, suivi par le fils aîné du mort, l'officiant, puis le palanquin. Durant le parcours un individu du cortège, le plus souvent une femme, marche à coté du palanquin tenant dans ses mains un panier de riz bouilli dont elle jette des grains à intervalles réguliers sur le mort. Immédiatement derrière viennent dans l'ordre: la famille, les amis, les voisins, les hommes puis les femmes. Lorsque le cortège arrive à une dizaine de mètres environ des limites de l'aire funéraire, les musiciens cessent de jouer et les chants s'arrêtent. Le cadre en bois où repose le défunt est lentement posé à même le sol, près du lieu d'inhumation. On enlève le cadavre mort et on le dépouille de ses ornements. Le cadavre est alors descendu dans la niche (une cavité d'environ 90 cm de hauteur sur 50 cm de profondeur) que l'on referme soigneusement. L'âme du défunt peut voyager en paix avant de renaître.