Samedi matin. Appel téléphonique de Jecintha, l'une des animatrices de Vimukti. Je suis attendu à Muddamguddi, situé à 2 kilomètres de Pothnal où elle vit avec les membres de sa belle-famille. Elle a réuni les membres du Parlement des enfants du village dans l'enceinte de l'école. Car ici l'école reste un lieu ouvert, où peuvent se dérouler d'autres activités en lien avec l'éducation et le développement de l'enfant.
A peine suis-je descendu de mon scooter qu'une horde d'enfants s'empresse de m'accompagner dans la classe. Les enfants, assis en cercle à même le sol, se donnent la main. La porte-parole (une enfant choisie par ses pairs) entre dans la classe. Elle sera la maitresse de cérémonie. Elle instaure d'abord le silence. Tous les enfants prennent la position du semi-lotus, les mains ouvertes posées sur les genoux, le pouce et l'index serré et les yeux clos. Selon un rituel bien rôdé, Ils répètent en choeur les incantations de leur Présidente, comme une litanie de prières. Sajutha distribue à chacun d'entre eux une fleur. Il se lèvent un à un, me saluent en me serrant la main et me donnent leur fleur en guise de bienvenue. Dans l'assemblée, j'ai répéré, Sindhu, une enfant parrainée. Je l'invite à me rejoindre pour la photo que j'enverrai à sa marraine. La Présidente donne la parole aux enfants. Il dressent un inventaire des choses à faire : nettoyer le village, convaincre certains parents d'envoyer leur enfant à l'école, distribuer de la nourriture aux plus nécessiteux, encourager l'usage des toilettes, quand elles existent etc. Tous les problèmes ne peuvent être résolus. Le porte-parole propose de discuter d'un point en particulier pour tenter de trouver une solution.
Après ce temps d'échange et de débat, vient le temps de la détente. Garçons et filles (les plus téméraires ou les meilleurs artistes) prennent position au milieu du cercle. Sindhu ne se fait pas prier pour être de ceux-là. L'un des garçons tient dans sa main un petit appareil qui diffuse la musique rythmée sur laquelle ils dansent sans jugement ou peur du ridicule. D'autres osent aussi le chant ou des histoires. C'est aussi cela l'école de la vie. Pour clore joyeusement cette matinée, tous les enfants esquissent un joli sourire devant l'objectif du photographe. "naguilé ! naguilé !" (smile, please!).
