jeudi 13 octobre 2016

Le mariage des enfants: des chiffres qui font frémir

Les données effectuées lors du dernier recensement de 2011 faisaient apparaître que 47% des enfants vivant en zone rurale en Inde du Nord étaient mariés avant l'âge de 18 ans. Selon cette même source, la moyenne nationale approcherait encore les 20%. Soit 10 millions de garçons pour 35 millions de filles. Un record peu enviable, juste derrière le Bangladesh. La palme d'or, si j'ose dire, revient au Rajasthan où le taux dépasse les 30%, suivi de près par l'Uttar Pradesh. L'Inde à elle seule totaliserait le tiers des enfants mariés. L'une des pires violations des Droits des enfants et de l'Homme. Car malgré son interdiction par la Constitution Indienne, le mariage précoce reste une pratique coutumière et ancestrale qui nuit gravement au développement des enfants, privés de leur droit à l'éducation et d'un avenir meilleur. Les articles 34 et 36 de la Convention relative aux droits de l'enfant interdisent toutes formes d'exploitation et de violence sexuelle et toutes autres formes d'exploitations préjudiciables au bien-être de l'enfant.


Dès la naissance, les filles sont promises à des hommes bien souvent plus âgés qu'elles et données en mariage dès l'apparition des menstruations. Il n'est pas rare que les jeunes époux se voient pour la première fois le jour de leur mariage. Trop jeunes pour avoir des relations sexuelles et supporter une grossesse, beaucoup de jeunes femmes meurent en couche ou survivent avec des graves séquelles sur le plan de la santé. Les accouchements prématurés et les mortalités infantiles sont inéluctables. Des bébés nés avec une insuffisance pondérale ouvrent la voie à la malnutrition. Vulnérables, ces jeunes femmes sont aussi victimes de violences domestiques. Victimes d'abus sexuels répétés, certaines finissent par se suicider.

Si le patriarcat, l'extrême pauvreté et l'analphabétisme sont les raisons les plus souvent invoquées, le poids des traditions et de la culture hindoue font le reste. De nombreuses familles préfèrent marier leurs filles avant l'adolescence pour éviter que la honte ne s'abatte sur leur famille en cas de relations sexuelles précoces. D'autres craignent que leur fille ne trouvent pas de mari plus tard. Malgré les efforts de sensibilisation du gouvernement indien, l'opposition au changement est fortement ancrée. Les villageois n'aiment pas que les citadins viennent leur faire la leçon. Le changement est un processus lent. C'est aussi pour lutter contre ces pratiques d'un autre âge que Vimukti s'est engagé dans ce long travail d'éducation. Grâce à l'action des animateurs sur le terrain, des mariages précoces sont régulièrement ajournés. 

PS: L'Inde possède le taux le plus bas de divorces dans le monde. Les femmes divorcées sont victimes de l'opprobre de la population et le remariage s'avère quasi impossible. Les procédures de divorce sont très longues et très coûteuses. Il va falloir prouver que l'épouse était bien mineure quand on l'a mariée. Les menaces sont fréquentes et les plus téméraires risquent leur vie, si bien que nombre d'entre elles finissent par renoncer.