lundi 15 février 2021

Vers une immunité collective face au Covid-19 ?


A New Delhi, les cinémas, les restaurants et coiffeurs grouillent de monde. Les écoles et universités ont rouvert et les gens se pressent dans les rues et les centres commerciaux. Les hôpitaux ne sont pas saturés et la vie semble quasi normale... Le 10 février dernier, la capitale indienne n'a enregistré aucun nouveau cas, une première depuis le mois de mai 2020. Le nombre de morts est aussi en chute libre. Avec 11 millions de cas cumulés depuis le début de la pandémie, l'Inde figure certes au 2è rang mondial en matière de contaminations, mais rapporté à sa population, elle fait partie des meilleurs élèves (un taux presque 7 fois inférieur à la France).

Tandis que de nombreux pays font face à une deuxième voire une troisième vague, l'Inde semble être sortie d'affaire sans nouveau confinement et sans avoir imposé une surveillance aussi stricte qu'en Chine. On ne peut pourtant pas dire que le respect des distanciations sociales soit particulièrement respecté. Après avoir imposé un confinement strict au mois de mars, les autorités ont commencé à lever les restrictions dès le mois de juin pour relancer leur économie dans un état dramatique, alors même que l'épidémie était en plein essor.

L'explication ne réside pas non plus dans la vaccination qui a débuté il y a moins d'un mois. Et alors que le pays est l'un des premiers fabricants de vaccins au monde, qu'il exporte dans de nombreux pays, sa population est elle-même réticente à se faire vacciner. Enfin le système de santé indien est beaucoup moins pourvu que celui de la plupart des pays, avec une dépense par habitant de 73 dollars à peine, contre 4 690 dollars en France par exemple.

Le cas indien rend la plupart des épidémiologistes perplexes. Certes le faible nombre de tests effectués et le recensement déficient des véritables causes de décès, surtout dans les zones rurales, peut expliquer en partie les bons scores du pays. Mais même sous-estimée, l'épidémie n'en demeure pas moins sous contrôle. Selon les experts, il se pourrait que le pays ait atteint une certaine immunité collective. Une récent étude indique que 46,7 % de la population a déjà été contaminée dans l'Etat du Karnataka.

La jeunesse de la population et le climat sont peut-être d'autres explications. Les médecins comme les autorités restent donc sur leurs gardes. "Une seconde vague peut survenir à n'importe quel moment, nous devons y être préparés, car certains variants pourraient passer à travers les défenses immunitaires mises en place", met en garde Jayaprakash Muliyil, sur le site Les Echos. Le port du masque est toujours recommandé, et le gouvernement vise 300 millions de personnes vaccinées d'ici le mois d'août.

(d'après un article de Céline Deluzarche paru dans le magazine Futura, 15 février 2021)