lundi 7 juin 2021

Le mariage arrangé de Prabhavati

En ces temps de pandémie qui touche de plein fouet les populations les plus pauvres, on assiste en Inde à une recrudescence des mariages de jeunes filles mineures car pour les familles qui ont peu des ressources, le mariage est aussi le moyen de se libérer d'une bouche à nourrir. Prabhavati, la filleule que Marie et Jean-Dominique Le Guil ont accompagnée pendant une dizaine d'années dans la cadre du parrainage, n'a pas échappé à cette destinée. Alors qu'elle vient tout juste d'avoir 17 ans, sa famille l'a mariée dans la pure tradition hindoue sans que Vimukti en soit informé au préalable, ce qui aurait eu pour conséquence que le mariage soit empêché ou retardé jusqu'à l'âge légal de 18 ans. Le mariage au temple s'est tenu le 4 Juin dans le village éloigné de son futur mari, avec un cercle très restreint d'invités, et ce n'est qu'au retour dans son village natal de Markumdinni, où avait lieu également une rituel de remerciements, que Vimukti a eu connaissance du mariage arrangé entre les deux familles. Seul Charlie, l'un des animateurs, a pu se rendre à cette petite cérémonie au cours de laquelle Vimukti, comme il est d'usage en la circonstance, a remis aux jeunes mariés une enveloppe contenant la somme de 200€ pour les aider à démarrer cette nouvelle vie. Telle est la destinée de beaucoup de jeunes filles quand pandémie rime avec pauvreté.  Souhaitons au jeune couple de construire un avenir meilleur au sein d'une famille qui portera les valeurs d'humanité, de solidarité et de justice transmises tout au long de ce parrainage. Comme le dit son parrain, avec philosophie et l'humour distancié qu'on lui connaît: "On ne parraine pas des enfants pour en faire de clones, ils sont le fruit d'une éducation et d'une culture qui nous est étrangère et sur laquelle nous n'avons aucun droit. Il appartient à chacun de vivre sa vie."

En l'espace de quelques années, Sonamma, Roopa, Sharada, Devamma et aujourd'hui Prabhavati ont été mariées. D'autres les suivront très bientôt. A chacun son destin. Ainsi va la vie.