lundi 4 mai 2009

Etre des passeurs


(Message d'introduction de Daniel Helbert lors de l’assemblée constitutive du 2 mai 2009)

Chers amis,

Je suis à la fois très ému et profondément heureux de vous voir réunis pour cette première assemblée et je vous remercie du fond du coeur d’avoir répondu à notre invitation.

Nous sommes douze réunis autour de cette table… Le chiffre 12 est connu pour symboliser la perfection, la plénitude et l’unité. Restons modestes mais votre présence ici aujourd’hui est un encouragement et laisse présager de belles choses.

Nous avons également reçu, à cette occasion, de nombreux témoignages d’amitié. Lily Jattiot, psychanalyste et écrivain, a accepté d’être la marraine de l’association. Des personnes appartenant à notre réseau familial, amical et professionnel ainsi que des personnes avec lesquelles j’ai entretenu des liens amicaux par l’intermédiaire du blog ont exprimé un grand intérêt pour ce projet. Il appartiendra à chacun, là où il se trouve et quand ce sera le bon moment, d’apporter sa petite contribution à un ensemble plus vaste dont nous dessinons aujourd’hui les contours.

Lorsque, en Juin 2004, je suis entré dans l’enceinte du Forum des associations place Bellecour à Lyon, j’étais loin d’imaginer que je me retrouverais cinq ans plus tard ici à La Grosse Pierre avec vous pour nous lancer dans cette nouvelle aventure….

Permettez-moi de rappeler brièvement quelques étapes qui ont jalonné ce parcours.

Il y a eu d’abord le parrainage de Vishalakshi, cette fillette de 8 ans (elle a aujourd’hui 13 ans) qui vit dans le petit village d’Ugire, à une trentaine de Kilomètres de Mangalore, petite vile portuaire de l’Ouest du Karnataka. Pendant près de 3 ans, nous avons entretenu des échanges par courrier dans un anglais souvent approximatif mais indispensable pour communiquer avec les coordinateurs du projet de développement dans ce secteur géographique rassemblant une vingtaine de villages.

Puis un jour, nous avons décidé de franchir le pas, de lui rendre visite dans son lointain village. Malgré tout le soin apporté à la préparation de ce voyage (cours d’anglais intensifs, discussions avec des personnes ayant longuement voyagé dans cette partie du monde) j’appréhendais quelque peu cette rencontre avec un peuple, une culture, tellement aux antipodes de notre monde occidental.

Avril 2007, Pendant une semaine, nous avons découvert les paysages, l’architecture, la nourriture, les religions et tout un mode de vie auquel nous étions étrangers. Les mille cinq cent kilomètres que nous avons parcouru à travers le Karnataka, le Tamil Nadu et le Nord du Kerala ont constitué une bonne mise en pratique de ce que nous avions appris dans les livres. Curieusement tout paraissait facile, évident. Nous nous sentions vraiment bien au milieu de ce peuple si accueillant.

A notre arrivée à Mangalore, nous avons été pris en charge par Fr. Arun, le responsable du projet local. Pendant 3 jours consécutifs, nous avons partagé la vie de l'équipe du Capucin Krishik Seva Kendra. Nous avons pris la mesure du travail réalisé par ces animateurs, éducateurs secondés dans leur tâche par un noyau de bénévoles (hindous, musulmans, chrétiens) qui nous ont accueilli comme faisant partie de la famille. C’est d’ailleurs là-bas, à Ugire, que j’ai eu l’occasion de m’entretenir pour la première fois avec Fr. Alwyn, au téléphone. C’était incroyable. Moi j’étais au fin fond de ce petit village et lui était à Paris.

A notre retour, je me suis lancé dans l’aventure du blog "Listen to your heart". Ce blog, dont les premiers articles furent consacrés au récit de notre séjour en Inde, a représenté la continuité d’un voyage intérieur et une étape indispensable pour moi avant de me lancer dans l’action.
Quelques mois plus tard nous avons repris contact avec Fr. Alwyn. Nous l'avons d’abord rencontré à Paris en février 2008. C’est à l’issue de cette première rencontre qu’il nous a dit d’un ton bienveillant :
- Et pourquoi ne pas créer vous-mêmes une association ? Vous savez, c’est en commençant par des petites choses que l’on parvient à réaliser de grandes choses.

Sur le moment nous avons été interloqués et nous nous sommes quittés sans savoir ce qu’il adviendrait de cette suggestion. Et puis l’idée a germé. Nous nous sommes dits : Pourquoi pas ? Voilà un vrai défi que la vie nous propose. Nous avons revu Fr. Alwyn quelque temps plus tard à Lyon, avec Fr. Santa (c’était à l’occasion de la Fête des Lumières), et nous avons commencé à imaginer ce qui pourrait naître de cette association.

Entre temps Fr. Arun, qui dirigeait le Projet à Ugire lors de notre séjour en 2005, a été promu responsable de l'ensemble des projets de développement de la Province du Karnataka. Dès que nous l’avons contacté, il a manifesté un grand enthousiasme et il a mis tout mis en oeuvre pour nous faciliter la tâche.

ENSEMBLE ! C’est l'idée forte que nous voulons mettre en avant en lançant cette initiative. « Can do !» (Allons-y !)

L’association va prendre aujourd’hui son envol aujourd’hui: statuts, vie de l'association, constitution du comité directeur, objectifs, projets à court et moyen terme, c’est l’objet de cette rencontre et la première étape.

Dans un deuxième temps, il nous faudra communiquer autour de ce projet, rassembler le plus grand nombre de soutiens possibles et réunir les moyens financiers pour lancer les premières opérations sur le terrain. Programmes d’éducation pour les enfants et les adolescents, bibliothèque de village, orientation et formation professionnelle, défense des plus démunis, notre ambition est de contribuer, dans la mesure de nos moyens et de nos compétences, à la mise en oeuvre d’un projet global de développement initié par les partenaires locaux: Vimukti Charitable Trust. Pour cela il nous faudra faire preuve d’imagination et d’audace.

Troisième étape: nous rendre sur place (pour celles et ceux qui le souhaiteraient et qui en ont les moyens) pour rencontrer l'équipe locale. L'apport financier sera indispensable mais on peut imaginer que certains d'entre nous puissent apporter leur compétences diverses sur le terrain, pendant un temps plus ou moins long. Pour notre part, nous envisageons d'y retourner au printemps 2010 pour suivre l'opération avec Fr. Arun.

Tout cela doit s'inscrire dans la durée (de 5 à 10 ans). Ainsi que le disait Romain Rolland, écrivain français qui a beaucoup fait pour le rapprochement entre l’Inde et l’Occident, nous devons devenir des « passeurs » entre deux mondes qui ont encore beaucoup à s’enrichir mutuellement.
"La voie ne consiste pas à accomplir des actions extraordinaires, mais à accomplir parfaitement des actions ordinaires."
(Swâmiji Prajnânpad)

Encore une fois, merci d’être là.