mercredi 3 août 2011

Slumdog millionnaire

Un jeune homme illettré qui, contre toute attente, va remporter 20 millions de roupies à un jeu bien connu en Occident: "Qui veut gagner des millions?". Cette idée sert de fil conducteur au film de l'écossais survolté Danny Boyle, "Slumdog millionnaire".

Jamel a 18 ans. Il est questionné violemment pour être arrivé en finale du jeu "Who wants to be a millionnaire" dans la banlieue de Mumbaï (Bombay). Impensable disent les policiers goguenards et sûrs de leurs faits; Il a forcément triché. Sans doute a -t-il même bénéficié de complicités. Il va bien finir par avouer. Avec sa coréalisatrice Indienne, le réalisateur du brillant "Trainspotting" se jette à corps perdu dans une histoire qui nous plonge au coeur des bidonvilles de Bombay. Le subterfuge de l'écriture permet de retracer divers épisodes de la vie du jeune homme, depuis le massacre perpétré de sa jeune mère musulmane par des hindous intégristes jusqu'à la rétention contre son gré de sa jeune amie par un groupe de tueurs sans scrupules. Un série de clichés comme en raffole le cinéma Indien. Et bien sûr une happy end, puisque notre héros va quand même remporter cette finale dans des circonstances assez invraisemblables et empocher le gros lot. Nos deux tourtereaux vont enfin pouvoir vivre leur "love story" sous le regard attendri de millions d'indiens qui rêveront, à leur tour, de semblables destinées. De Bombay, on ne voit que les riches studios de Bollywood, dirigés par son animateur-producteur fétiche, peu enclin à la compassion. Quand il essaie d'induire en erreur notre jeune candidat, on soupçonne qu'il n'en est pas à sa première arnaque. Quand aux bidonvilles dans lesquels la caméra s'immisce de façon intrusive, ils servent de faire valoir et de décor à une histoire dont on tire toutes les ficelles, fusse au mépris de ce qui constitue le refuge de millions d'âmes dont la morale n'est pas à vendre.


Malgré quelques invraisemblances, on se laisse facilement emporter par le rythme du film, le jeu convaincant des acteurs, la musique entraînante, les couleurs, l'ambiance peu habituelle pour ce genre de film. Pas de chorégraphie mièvre (sauf pour le générique de fin), un rythme soutenu comme dans les meilleurs films américains et japonais. Car il s'agit avant tout de divertir le spectateur, de lui en mettre plein la vue. Le scénario misérabiliste ne change rien. Et cà marche, le temps d'un film qui ne laisse derrière lui qu'une traînée de poudre, à l'image d'un film de série B américaine ou d'un western spaghhetti. Du pur divertissement dans une mégapole bouillonnante de misère et de violence. "Slumdog millionnaire" a remporté 8 Oscars, dont celui du meilleur film, en 2008.