samedi 22 mars 2014

A l'aube d'un nouveau jour

Il fait encore nuit et pourtant une musique enjouée, façon Bollywood, me fait ouvrir les yeux. Cinq heures du matin à Pothnal. Le son lancinant repris par les choeurs semble surgir d'une lointaine contrée alors qu'en réalité il provient de la maison voisine abritée par un petit muret garni d'herbes folles. Soudain le tintement bruyant d'une cloche promenée dans le couloir de l'ashram sonne le réveil de la communauté. On devine l'empressement des jeunes frères émergeant de leur couche à même le sol, enfilant leur robe de bure marron avant de se rendre dans la chapelle voisine. Peu après, le chant du muezzin jaillit des hauts-parleurs qui encadrent la mosquée du village pour appeler les fidèles à la prière. Les jeunes Capucins entonnent leur chant à la gloire du Très-haut. Et l'espace de quelques minutes tous ces voix viennent se mêler aux aboiements des chiens, au chant du coq et aux premiers bruissements d'oiseaux…

Doucement j'émerge de mon sommeil et je repousse délicatement la moustiquaire qui enveloppe les montants du lit. J'observe les quelques lézards retenus au plafond par une force d'attraction étonnante. J'enfile mes sandales et m'asperge la tête d'eau froide. Vêtu d'un pantalon et d'une simple chemise, je traverse l'allée verdoyante qui conduit à Vimukti. Les enfants du pensionnat replient la grande moustiquaire qui leur sert d'abri pour la nuit sur la plateforme en béton qui tient lieu aussi de réfectoire  et de salle de classe. De l'autre coté du chemin, alors que le croissant de lune inversé se fond dans un ciel bleu azur, des enfants nomades presque nus se réchauffent autour d'un feu échafaudé avec quelques débris de bois et des plastiques usagés. Je fixe ces instants intrusifs dans l'objectif de ma caméra. Un troupeau de chèvre passe sur la route indifférent aux klaxons de la moto qui tente de se frayer un chemin à contre-courant. La vie a repris son cours comme chaque jour à Pothnal…