dimanche 17 avril 2016

Souvenirs de Pondichéry

Pondichéry, quatre syllabes qui résonne comme une ville française. Pondichéry (on dit aussi Pondy) située sur la côte Est de l'Inde dans l'Etat du Tamil Nadu vient en réalité du tamoul et signifie "nouveau village". C'est dans cet ancien comptoir français où les colonisations successives (hollandais, danois, anglais, français) ont laissé leur empreintes architecturales que nous avions décidé de commencer cette année notre périple en Inde. Et bien sûr, nous avons trouvé refuge dans une charmante maison d'hôte au coeur du "quartier français", à proximité de l'Alliance française qui accueillait ce jour là l'écrivaine Hélène Cixous, dans le cadre des activités culturelles, au Café de Flore.


Car ici les noms des rues et des hôtels résonnent au gré du parfum marin et des déambulations matinales. Rue Dumas, rue Romain Rolland, rue Labourdonnais, rue Suffren, nous sommes en pays connu et bien loin de l'agitation et du bruit que nous avons connu à notre arrivée à Bangalore. Pour qui arrive en Inde pour la première fois, voilà une bonne façon de s'immerger doucement dans la vie et la culture indienne. Des enfants surgissant de nulle part (le lycée français n'est pas très loin) arpentent les rues en essayant de marquer le pas sous l'autorité d'un homme en survêtement qui visiblement n'y crois guère. Sur la jetée, la statue de Gandhi tourne le dos au grand large face au parc Barathi. Le festival international de Yoga qui se déroule de l'autre coté de la rue reflète l'intérêt des indiens pour tout ce qui émane du corps et du coeur. Sous l'oeil averti des membres du jury, des jeunes garçons déploient tout leur talent dans des contorsions à faire pâlir les meilleurs adeptes d'un yoga acrobatique.


En chemin, mon attention est attirée par une affiche sur laquelle apparaît le célèbre musicien danseur Ragunath Manet qui s'est produit la veille sur la scène du théâtre voisin. J'entre dans une boutique d'art et mon regard se porte sur un petit CD dissimulé entre les statues imposantes de Boudha, Shiva et autres déités indiennes. C'est un disque de musique indienne interprétée par Ragunath Manet. La sonnette du magasin retentit, la porte s'ouvre et je me retrouve face à Ragunath Manet en personne. Je ne résiste pas au plaisir de le saluer, nous échangeons quelques mots et et nous décidons de nous revoir le lendemain dans un petit café de son choix. Bernadette, Véronique et Marie-Françoise m'accompagnent à ce rendez-vous. Après une demi-heure d'attente à Arts Café ( un petit local cosy qui semble lui appartenir), il arrive tranquillement, s'excusant à peine pour son retard. Et le voilà lancé dans une diatribe contre la culture française et ses ministres successifs qui l'auraient, selon ses dires, ignorés tout au long de sa vie d'artiste. Car si Ragunath Manet est né à Pondichéry, il a fait ses études en France et possède aussi un passeport français. Quelle déception! Derrière l'artiste incontesté dans son domaine et le représentant d'une école de sagesse en lien avec l'humanitaire se dévoile un homme imbu de sa personne, incapable d'écouter ses interlocuteurs et qui vous fait payer 700 roupies son livre "Shiva et ses sept danses", alors que je viens de lui offrir le film "Welcome in Pothnal" en point d'orgue de notre rencontre.


A quelques centaines de mètres de là, le tombeau de Sri Aurobindo nous invite au recueillement. Jour après jour, des pèlerins y déposent des fleurs et s'assoient en silence pour témoigner de leur très grand respect envers cet homme qui aura profondément marqué cette ville au siècle dernier.