mercredi 29 mai 2013

Soi-même et autrui

"Aussi longtemps que l'on se considère comme une entité séparée, on est obligé de regarder son intérêt particulier d'abord, on ne peut pas prendre en considération l'intérêt de quelqu'un d'autre... Et c'est ainsi que tourne le monde. Et cela se passe partout ainsi. Personne ne fait quelque chose dans l'intérêt de quelqu'un d'autre. Chacun court après son intérêt propre, et toutes ces actions qui sont faites au nom de la philanthropie et de l'altruisme, tout cela, que sont-elles en fait? Essayez de voir ce qu'elles signifient. Toutes sont faites dans l'intérêt particulier. Aussi longtemps que ne surgit pas dans le coeur de quelqu'un un sentiment pour les autres, rien, bien sûr, n'est possible. Et pourtant c'est un fait: l'autre existe... C'est pourquoi, sur ce point, il faut sans cesse le souligner: voir que l'autre existe. Vous n'avez rien d'autre à faire. Si vous existez, alors l'autre aussi existe... Vous ne pouvez pas refuser cela. Comment pouvez-vous dire que vous seul existez et que l'autre n'existe pas? Cela ne peut pas être, mais pourtant c'est ainsi que maya, l'irréalité ou l'illusion, fonctionne: on ne voit rien d'autre que soi-même. Et tout le monde agit ainsi. Que ce soit le plus étriqué des égoîsmes ou le plus grandiose des idéalistes, tout n'est fondé que sur l'intérêt personnel. L'autre n'est pas du tout là, nulle part. C'est un fait".

Swamiji Prajnanpad, in "L'expérience de l'unité" (Traduction C. et D. Roumanoff), cité dans "L'Inde des sages" de Michel Hulin (Editions Oxus)