jeudi 6 décembre 2012

Les nouvelles technologies au service de l'éducation

Chaque crise est moteur de changement. La classe, qui est au coeur de l'école, est attaquée de toutes parts et de nouvelles formes d'enseignement supplantent la classe traditionnelle. C'est ce que nous rappelle le Journal "Le Monde" dans un supplément spécial en date du 14 novembre 2012, à l'occasion du Sommet mondial pour l'innovation dans l'éducation.

Dans les sociétés où l'écart culturel se creuse, où nombreux sont ceux qui restent sur le bord du chemin, sans diplôme ni formation, l'école ne serait plus le seul lieu du savoir. Dans les 123 pays au plus faible revenu, plus de 200 millions de jeunes de 15-24 ans n'ont pas achevé leur scolarité primaire. Grâce aux smartphones et aux ordinateurs, de nombreux pays sautent dans l'ère numérique sans passer par la case de l'école. Une page se tourne. Comme le dit Stephen Heppell, professeur à L'Université de Bornemouth au Royaume-Uni: "D'autres modèles émergent. Des classes avec des équipes enseignant à des groupes plus nombreux, lesquels se voient proposer des journées d'immersion, d'autres supports d'attention que le seul tableau, des activités ludiques... Ces nouveaux ingrédients pédagogiques rendent l'éducation plus efficace, plus participative, plus rapide et bien moins chère". Les élèves visionnent des cours enregistrés à la maison, font leurs devoirs avec l'enseignant à l'école, acquièrent des connaissances dans les domaines qui les intéressent, toutes les connaissances sont désormais à portée de clic. Verra-t-on bientôt la "smart classe"dans les pays où le téléphone portable est l'outil technologique le plus largement répandu, y compris dans les pays les plus pauvres?


Adapter les contenus en fonction des publics, c'est là un des grand enjeux du développement de l'apprentissage nomade. Des projets de recherche se multiplient comme ici en Inde où une équipe de designers s'est inspirée des jeux traditionnels dans les villages pour créer un programme ludique d'apprentissage de l'anglais. "Cela prendra du temps avant de voir des changements réels dans les classes, mais les jeunes qui grandissent avec les nouvelles technologies trouveront tout naturel d'en faire des outils pédagogiques", dit Paul Kim, responsable du développement technologique à la célèbre Stanford University School of Education.

Ainsi Madhav Chavan, lauréat du deuxième prix Wise "Nobel" pour l'éducation, a appris à lire et à écrire à des dizaines de millions d'enfants indiens sans créer la moindre école ni recruter d'enseignants diplômés. Pour cela il s'appuie sur une armée de bénévoles, recrutés dans chaque communauté, qui enseignent sous les arbres, dans les rues ou sur les places des villages. Grâce à l'ONG Pratham, qu'il a créé, plus de 10 000 bénévoles donnent des cours à plus de 500 000 enfants dans 4 000 centres en Inde. Bien sûr les centres de soutien scolaire ne remplacent jamais les écoles, mais ils les complètent. Un nouveau défi pour l'Inde de demain.